Journée de l’Europe - Intervention de M. Jean-Marc Ayrault

Mesdames et Messieurs les Élus,
Monsieur le Président,
Monsieur le Vice-Président,
Madame la Vice-Présidente,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous retrouver aujourd’hui dans cette belle ville de Strasbourg pour fêter l’Europe.

Célébrer le 9 mai, c’est se souvenir du chemin parcouru.

C’est se souvenir également du 8 mai, de l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, et rendre hommage à des pères fondateurs qui, cinq ans après, ont cru en l’impossible.

Des hommes qui, alors que l’Europe pansait encore ses plaies, ont eu l’audace de voir les Nations adversaires d’hier comme les compagnons de demain.

Des hommes - Robert Schuman évidemment, mais aussi Konrad Adenauer, Paul-Henri Spaak, Alcido de Gasperi et d’autres - qui ont compris que seule l’union entre les peuples permettrait d’éviter le pire et de préparer le meilleur.

Des hommes qui ont réussi à bâtir une Europe sur les meilleures fondations qui soient : liberté, respect de la dignité humaine, démocratie, égalité, État de droit et respect des droits de l’Homme.

Le chemin a été long, mais sur ces fondations, nous avons accompli une paix durable. Nous avons construit l’Union. Nous avons reconstruit l’Europe. Nous avons été à chaque fois plus nombreux. Nous avons aboli les frontières intérieures. Nous avons étudié ensemble. Nous avons prospéré ensemble. Nous avons contribué à la paix et à la démocratie ailleurs, ensemble. Soyons en fiers !

Cette célébration de l’Europe a une saveur particulière à Strasbourg.

L’initiative que vous conduisez, Chère Catherine Trautmann, Cher Roland Ries, et qui est portée par tout un territoire - la ville de Strasbourg, le conseil départemental du Bas-Rhin et la nouvelle grande région - est soutenue par le gouvernement français.
Elle est à l’image de l’amour que Strasbourg porte à l’Europe, amour qui se ressent ici à l’université, dans les rues et dans l’action publique que vous portez. Le label « Patrimoine européen » qui vient d’être remis à la ville par la Commission européenne en est une nouvelle reconnaissance.

Car oui, l’histoire nous le rappelle : la place de Strasbourg dans la construction et dans la vie européenne en fait une grande et belle capitale européenne.

Une capitale de la réconciliation franco-allemande, une ville-frontière qui a tant souffert des divisions avant de devenir un pont, un trait d’union, un symbole de paix, de dialogue et d’amitié entre les peuples.

Une capitale, également, des droits fondamentaux, accueillant dès 1949 le Conseil de l’Europe, puis sa juridiction, la Cour européenne des droits de l’Homme. Car l’Europe est avant tout une construction reposant sur des valeurs.

Une capitale, enfin, de la démocratie européenne, abritant le siège du Parlement européen, poumon démocratique de l’Union.

Mais nous ne pourrions célébrer le 9 mai sans aborder aussi notre présent.
Un présent aujourd’hui plus difficile, fait de crises auxquelles l’Europe n’était pas toujours préparée et auxquelles elle n’a pas toujours su répondre.

Un présent où l’Europe est parfois accusée de tous les maux. Un présent où les populismes tirent profit du désespoir des peuples, remettent en cause nos valeurs fondatrices et menacent l’édifice européen.

Un présent qui voit l’Europe attaquée par la violence terroriste aveugle, l’obscurantisme et les guerres à nos portes.

Un présent où des vagues de réfugiés qui ont tout perdu tentent à tout prix - y compris au prix de leurs vies - de rejoindre l’Europe.

Ce présent nous rappelle aussi que l’Europe représente toujours un espoir. L’espoir d’une paix durable, l’espoir d’une liberté de parole et d’action, l’espoir d’une vie meilleure. Surtout, elle constitue bien souvent la seule solution crédible face à ces défis.

L’Europe doit donc être à la hauteur et répondre présente. L’Europe doit agir face à la crise des réfugiés et des migrants. L’Europe doit garantir la sécurité de ses citoyens. L’Europe doit assurer le contrôle de ses frontières extérieures. L’Europe doit mettre en œuvre ses décisions, même lorsque c’est difficile.

Parce que c’est difficile, l’Europe doit être solidaire, notamment avec les partenaires qui sont en première ligne - je pense bien sûr à la Grèce, qui a déjà subi tant d’épreuves.

Nous devons également aller plus loin en matière de sécurité et de défense, car tant que la guerre déchirera la Syrie, tant que la Libye ne sera pas stabilisée, tant que Daech ne sera pas anéantie, il y aura un risque terroriste, en Europe et dans le monde.

Face à ces menaces qui se jouent des frontières, nous devons donc renforcer les coopérations entre États. Des coopérations, qui permettent, chaque jour, de déjouer des projets d’attentats terroristes.

C’est ce que nous faisons avec le PNR - instrument qui illustre la valeur ajoutée évidente de la coopération européenne.

Mais, au-delà de ces crises, l’Europe doit incarner, comme elle a su le faire par le passé, un idéal, un rêve européen !

En cette journée du 9 mai, nous devons donc aborder cet avenir collectif avec détermination.

Nous devons revenir à l’aspiration des pères fondateurs, celle d’une communauté de destin reposant sur la solidarité.

Nous devons revenir à ce qui a fait le succès et la grandeur de l’Europe : ses valeurs, son ambition de paix, de respect des droits de l’Homme, de prospérité et de sécurité.
Nous devons puiser dans les difficultés auxquelles nous faisons face et y trouver la motivation pour agir ensemble.

Nous devons revenir à une Europe proche de tous ses citoyens, qui ne s’occupe pas de tout mais de l’essentiel, qui réponde aux aspirations à l’emploi, qui investit dans l’avenir.

Nous devons revenir à une Europe qui est sûre de ses forces, une Europe qui a confiance en elle-même.

Dans un monde devenu village, nous devons revenir à une Europe qui affronte, unie, les nouveaux défis de notre temps.

La France y travaille, avec tous les partenaires, au premier rang desquels l’Allemagne.
L’histoire de la construction européenne l’a montré, le couple franco-allemand est souvent une force d’impulsion et de progrès pour l’Europe.

Cette histoire commune doit aussi être une source d’inspiration. N’avons-nous pas réussi, après trois guerres meurtrières entre Français et Allemands, à installer les conditions de la paix pour toute l’Europe ?

Ici plus que partout ailleurs, nous savons ce que cette réconciliation historique entre nos peuples a permis.

Nous sommes comptables de cette histoire et devons travailler à une refondation du projet européen.

Pour cela, chacun doit prendre ses responsabilités.

Les États membres qui souhaitent s’engager ensemble doivent pouvoir le faire sans que ceux qui ne le souhaitent pas puissent y faire obstacle.

C’est cette différenciation qui a permis de créer l’espace Schengen et l’Union économique et monétaire. Elle est légitime si elle renforce notre maison commune.

Mesdames et Messieurs,

L’Europe n’est pas une construction abstraite. L’Europe n’est pas un objet statique. Elle ne doit jamais le devenir.

L’Europe est au contraire une bâtisse dynamique, en perpétuelle construction. L’Europe est un idéal devenu réalité.

Aujourd’hui, il nous appartient à nous, à vous, aux 500 millions de citoyens, de faire revivre cet idéal, d’apporter leurs pierres à cet édifice, de relancer le rêve européen.
En ce 9 mai, je souhaitais porter ce message de détermination et d’espoir à Strasbourg, capitale européenne.

Vive Strasbourg, vive la France et vive l’Europe !.

publié le 26/04/2022

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